
Du 20 au 22 janvier 2025, la conférence ICE qui s'est tenue à Barcelone a rassemblé les plus grandes figures de proue de l'industrie des jeux d'argent en ligne. Parmi les sujets phares abordés lors de cet évènement, il y a la réglementation des casinos en ligne en France qui a suscité de vives réactions de la part des participants. Cet article revient sur les principaux points évoqués lors de ce débat.
Illégalité des jeux de casino en ligne en France : Que faut-il savoir ?
Depuis toujours, les jeux d'argent en ligne en France sont strictement interdits, à quelques exceptions près. Seuls le poker, les paris sportifs et hippiques sont autorisés et encadrés par l'Autorité Nationale des Jeux (ANJ), anciennement désignée par l'ARJEL. Bien que la législation française soit l'une des plus strictes en Europe, elle présente de nombreuses limites, notamment face à la croissance exponentielle des casinos en ligne illégaux.
Que s'est-il passé lors de l'événement ICE Barcelone 2025 ?
L'ICE (International Casino Exhibition) est un événement majeur rassemblant les acteurs clés de l'industrie des jeux d'argent en ligne. L'édition 2025, qui s'est tenue à Barcelone, a abordé plusieurs sujets d'actualité dont la législation des jeux d'argent en France. Ce débat intervient quelques mois après la suspension de l'amendement gouvernemental visant à autoriser les casinos en ligne dans le cadre du projet de budget 2025.
La fiscalité, un frein à la compétitivité en France ?
L'une des principales problématiques liées aux jeux d'argent en France est la fiscalité qui est particulièrement lourde comparée à celle d'autres pays européens. C'est d'ailleurs ce qu'explique Nicolas Béraud, PDG de Betclic et président de l'AFJEL, l'association professionnelle des jeux en ligne en France. Il affirme entre autres que « l'un des principaux facteurs qui impactent les opérateurs est qu'ils sont soumis à des taxes GGR et TVA qui s'élèvent à plus de 60%, mais qu'ils ne peuvent pas compenser ces taxes par les revenus des activités légales des casinos en ligne. » Il poursuit en disant : « Cela a donné naissance à un marché illégal majeur, les opérateurs réglementés étant confrontés à une concurrence déloyale » notamment via des sites non réglementés « accessibles en quelques clics sur Google ». « Lorsque l'offre légale est attractive, nous avons constaté dans de nombreux pays qu'il est efficace de réduire le marché illégal. » a-t-il conclu.
À la suite de Nicolas Béraud, Clément Martin Saint-Léon, directeur général Gaming du Groupe Barrière s'est également exprimé en qualité de secrétaire général de l'association professionnelle des casinos de France. Il a notamment déclaré que « la CdF n'était pas opposée à la régulation des casinos en ligne, mais que l'ouverture du marché déstabiliserait (les casinos terrestres en France) en provoquant une perte de PBJ de 15 à 25% ». Il a poursuivi en affirmant : « Nous ne disons pas qu'il ne faut pas ouvrir le marché. Nous ne sommes pas contre le progrès, mais il faut tenir compte des finances, de la fiscalité et de l'emploi des casinos physiques ».
Selon lui, il faut réformer et simplifier la fiscalité des groupes de jeux tout en donnant temporairement l'exclusivité aux casinos physiques. Il a également souligné que « Le problème est que la plupart des opérateurs (en ligne) ne peuvent pas être rentables en France (avec les niveaux de fiscalité actuels). Si on ajoutait des jeux de casino, cela pourrait équilibrer les recettes. » Le fait de pouvoir proposer ces jeux permettrait « à de nouveaux et petits opérateurs de se développer sur le marché français, ce qui est impossible pour l'instant ».
Quel est le sort réservé aux casinos en ligne en France ?
Avec l'instabilité politique en France depuis plusieurs mois, le processus de régulation des casinos en ligne risque de prendre davantage de temps. Lors de son allocution, Andrew Rhodes, PDG d'UKGC (United Kingdom Gambling Commission) a affirmé que le caractère restrictif des réglementations en France et en Allemagne rendait les casinos illégaux plus attractifs pour les joueurs. Il a également déclaré que la Grande-Bretagne était non seulement « très canalisée », mais aussi « le marché le plus réglementé au monde », et ce, en dépit de son caractère « très libéralisé ». Il faut dire que la France gagnerait à assouplir sa législation afin d'accréditer les casinos illégaux et d'avoir un œil sur tout ce qu'ils font. Cela permettrait non seulement de récupérer une part significative des recettes de ces opérateurs, mais aussi de mieux protéger les joueurs. À défaut, les Français continueront de jouer illégalement sur des casinos étrangers.